lundi 6 octobre 2014

Alice Springs à Melbourne [22 août -> 6 octobre]

Notre road trip touche à sa fin. Finie la vie de (super)vagabonds, on s'installe à Melbourne !

Après avoir roulé pendant plus d’un mois, nous nous réjouissons à l’idée de passer quelques jours en woofing à Alice Springs. Enfin une chambre, une cuisine et une salle de bain ! Quelle déception quand nous arrivons chez Matt… Sa maison pourrait être qualifiée de dépotoir sans aucune exagération ! Nous qui pensions l’aider dans les travaux de sa future auberge de jeunesse, nous nous retrouvons dans une vieille maison où des tonnes de cochonneries ont été entassées au fil des années ! Il nous explique que les deux conteneurs qui sont dans l’allée vont bientôt devenir des chambres qu’il va louer… D’ici 3 semaines tout sera prêt selon lui… (on est plutôt sceptiques !)
Quand Matt nous montre le hangar où l’on est sensé dormir, on lui répond qu’on sera mieux dans notre van : au moins il n’y a pas de trous dans le toit ! Malheureusement, nous sommes obligés de rester chez lui car les chaussures de Iou vont arriver à cette adresse dans quelques jours. On se met donc au travail ! Le point positif c’est que parmi ce bordel, il y a des vélos… beaucoup de vélos ! Will propose donc tout naturellement de réparer ceux qui sont en mauvais état et en profite pour faire plusieurs sessions VTT autour d’Alice Springs.
Au bout de seulement 4 jours, Matt nous annonce qu’il n’est pas satisfait, il voudrait que l’on travaille au moins 6 heures par jour. On lui répond que 6h de boulot pour juste le repas du soir et la douche, c’est vraiment de l'abus. La discussion étant plutôt tendue, Will se fait alors un plaisir de lui annoncer qu’on part dès le lendemain matin ! Et là vous vous dites, mais les chaussures de rando ?! Vous n’allez quand même pas partir sans ?!! Ne vous inquiétez pas, elles sont arrivées juste quelques heures avant le clash (quel super timing !)
Très heureux de partir, on prend la direction d’Uluru, le célèbre rocher Australien ! Et c’est vrai que l’Ayers Rock est très impressionnant, on a mis 4h à en faire le tour à pied ! La couleur ocre et les trous dans la roche donnent parfois l’impression d’un paysage lunaire.


Mais on est pas au bout de nos surprises car juste à côté d’Uluru se trouve un autre ensemble de gros rochers tout à fait particulier : Kata Tjuta (nom aborigène qui veut dire têtes de géants). On se lance donc dans une randonnée à travers les pierres de Kata Tjuta et on aime encore plus qu’Uluru : le parcours est plus difficile et plus varié et c’est beaucoup moins touristique.


Pour finir en beauté, on grimpe tout en haut de Kings Canyon (270m de hauteur) où le paysage nous coupe le souffle. Pas facile pour Iou de gérer son vertige mais ça en valait la peine.


Heureusement que nous avions rempli nos 2 jerricanes de diesel avant de faire notre virée dans le Red Center . Notre réservoir de 60L et nos 2 jerricanes de 20L, nous ont permis de rouler en autonomie pendant plus 1050km (notre secret rouler lentement, trèèèèèèèèèès lentement ! 80km/h maxi). Grâce à cela on a pu éviter de faire le plein dans le Red Center où les quelques stations service que l’on a croisé affichent des prix hallucinants (2,40$ le diesel au lieu de 1,60$ en moyenne sur la côte Est).
Nous reprenons la route vers le Sud et enchaînons les kilomètres car il n’y a plus grand-chose à voir sur la route. Le vent froid et les mouches (un peu trop amicales à notre goût) nous accompagnent fidèlement. Il y a quand même eu quelques faits marquants pendant ces 2000km : 

- Iou fête son anniversaire à la frontière du Northern Territory et du South Australia
- On visite une mine d'opales à Coober Pedy

 - On découvre le Lake Hart : un immense lac salé au milieu du désert.

Dire qu’on était allés dans le désert pour échapper à la pluie, dès que l’on en sort, il se remet à pleuvoir ! Le contraste entre les paysages est assez frappant : le bush extrêmement sec laisse vite place à des collines verdoyantes. On se croirait presque en Irlande ou en Ecosse ! Tout y est : la pluie fine, les moutons, les lacs et même Nessie !

Une fois à Adélaïde, on se remet à la recherche d’un petit boulot et cette fois, on tombe sur un (plutôt) bon plan ! Un job mieux payé et moins dur physiquement que le fruit picking : la distribution de prospectus. Après avoir marché pendant environ 4h30 / 5h le matin, on passe nos après-midi à la plage. Malheureusement pour nous l’hiver n’est pas encore fini, il fait donc assez froid le soir. Bref, ce n’est pas le temps idéal pour cuisiner sur les BBQ en plein air et prendre sa douche en maillot en bord de plage.

Au bout de quelques jours, on décide d’aller faire un tour sur le site Couchsurfing pour voir si quelqu’un ne voudrait pas nous accueillir pour une ou deux nuits. Et là bingo : dès le lendemain, Jess nous répond que nous sommes les bienvenus chez elle. On passe donc nos derniers jours à Port Adélaïde dans un confortable petit appart' en bord de mer ! Après avoir parcouru la ville en long et en large pendant une semaine, on décide que l’on a suffisamment d'argent pour la fin de notre road trip et on reprend la route vers Melbourne.

Adélaïde – Melbourne étant la dernière partie de notre road trip, on commence à faire le bilan en se disant qu’on a vraiment eu de la chance avec notre van, pas de gros soucis mécaniques ni d’accident ! Et là, en haut d’une côte, la panne tant redoutée arrive… Le van n’avance plus, une odeur de brulé et de la fumée s’échappent du moteur ! Nous nous arrêtons donc dès que nous pouvons pour appeler l’assurance qui nous renvoi vers le service de remorquage, qui nous demande de contacter le garagiste le plus proche pour obtenir un rendez-vous (bref, on fait tout le boulot nous-mêmes!) Après avoir appelé les 4-5 garagistes des alentours, on obtient un rendez-vous 2 jours plus tard… Nous voilà donc coincés à Willunga Hill !

Dans notre malheur nous avons de la chance, car nous nous sommes arrêtés près d’un restaurant. Voyant des étrangers sur son parking, Enzo, (le père du propriétaire des lieux) vient nous demander si tout va bien. Après lui avoir expliqué notre situation, il nous dit que nous avons choisi le meilleur endroit pour tomber en panne et nous invite à prendre un café à l’intérieur en attendant son fils. Quand Andy (le propriétaire du restaurant) arrive, il nous dit qu’on peut rester ici en attendant que la voiture soit réparée. Chouette !!!


On découvre ce soir là lors du dîner qu’Andy est un chef hors pair. Il fait lui-même son pain et fournit de nombreux restaurants, hôtels et caves à vin de la région (il y a des vignes partout ici !). Dès le premier jour, nous mettons la main à la pâte (haha !) et aidons en cuisine lors de la fabrication du pain, des pâtes fraîches, des pizzas, des lasagnes... Nous devenons vite les apprentis boulangers d’Andy et il nous demande combien de temps nous voulons rester avec lui J Nous l’accompagnons également lors des livraisons où il nous présente à tous ses clients comme « ses nouveaux amis français qui ont eu la chance de tomber en panne devant chez lui ».


On développe également nos compétences de cow-boy (Will a l’air de beaucoup plus apprécier que Iou). Dans la même journée, on doit rassembler un troupeau d’une quarantaine de vaches qui ont tenté de s’échapper de leur champ et l’après-midi, nous allons à l’abattoir récupérer le demi-bœuf qu’Andy veut préparer à ses invités le dimanche suivant.


En cuisine, ça parle anglais et italien ! Les parents d’Andy, qui possédaient un hôtel et plusieurs restaurants à Adélaïde, viennent chaque jour pour l’aider. Enzo, 81 ans, est d’origine italienne et Sonia, 85 ans, est d’origine slovène. L’histoire de leur vie est impressionnante : ils se sont rencontrés sur le bateau qui les amenaient en Australie alors qu’ils fuyaient leurs pays respectifs dans les années 50, et ils adorent avoir un public pour les écouter.
Nous sommes extrêmement touchés par la générosité de la famille Clappis qui nous accueille à bras ouverts et nous nous répétons chaque jours que nous avons eu énormément de chance d’être tombés en panne près de chez eux. Nous récupérons notre van dès le jeudi (avec un tout nouveau radiateur), mais nous décidons de rester quelques jours de plus car nous adorons être des boulangers en herbe et les repas qu’Andy nous prépare sont toujours délicieux !

Après avoir passé plus de 10 jours à Willunga, nous nous décidons à repartir car nous sommes attendus à Melbourne début octobre. On offre à Andy un joli petit cadeau avant de partir, on se sentait tellement bien dans cette famille d’adoption !

Nous commençons notre route par un petit crochet par Port Adélaïde…  Oui oui, on revient en arrière car Super Iou a encore frappé en oubliant ses lunettes chez Jess ! On file ensuite à Victor Harbor pour profiter de la plage et visiter Granite Island. On hésite à y rester plus longtemps, mais la météo annonce beaucoup de vent le dimanche, autant qu’on reprenne la route ! Le seul petit problème, c’est que Will a laissé ses chaussures dans le panier sur le toit du van. D’habitude, on retrouve toujours les affaires qu’on oublie là-haut même après avoir roulé, mais cette fois-ci le vent à emporté les chaussures de Will !



On décide de longer la côte car nous avons encore une petite semaine devant nous avant d’arriver à Melbourne. Les paysages sont magnifiques, on est heureux de reprendre notre road trip là où on l’avait laissé quand soudain… ça sent le brûlé dans le van et l’aiguille de température s’approche dangereusement du maximum… C’est pas possible !  On vient de changer le radiateur ! On s’arrête donc sur le bord de la route, on ouvre le capot (ou plutôt, on soulève les sièges car le moteur est sous nos fesses), et là on ne peut que constater qu’il y a à nouveau une fuite de liquide de refroidissement… Il est plus de 17h, il va bientôt faire nuit, on est dimanche donc tous les garages sont fermés, et bien sûr on a pas de réseau car on est au milieu de nulle part … Cette fois-ci, on ne tombe pas au bon endroit au bon moment :/ On s’imagine déjà passer la nuit au bord de la route...

Malgré l’heure assez tardive, Will décide de demander de l’aide aux voitures qui passent. Le premier 4x4 qu’on arrête accepte de nous tracter jusqu’à la prochaine ville (leçon à retenir : toujours avoir une corde dans son 4x4 en Australie) qui se trouve 100km plus loin ! Une fois à Robe (c’est bien le nom de la ville :), notre sauveur nous dépose devant LE garage du village, il fait déjà nuit noire et la batterie du van est à plat. On se couche avec le moral à zéro, on essaye de positiver en se disant qu’on est mieux là qu’au bord de la route...


Le lendemain, on attend la garagiste de pied ferme dès l’ouverture. Il vérifie rapidement d’où vient le problème : cette fois la fuite ne vient pas du radiateur, mais du tuyau qui amène le liquide de refroidissement au radiateur… Il commande la pièce et nous annonce qu’on devra patienter jusqu’au lendemain, le temps que le nouveau tuyau arrive et qu’il l’installe. Très sympa, il nous propose de passer la nuit derrière le garage où il y a un petit coin d’herbe, des toilettes et une douche (froide, il ne faut pas trop en demander non plus !).
En attendant de récupérer notre van, on visite la ville et on profite de la plage. Une fois encore, on est impressionnés par la beauté de cette côte.


En sortant du garage, on s’attaque au Mont Gambier où on va faire une chouette rando autour du Blue Lake (qui aurait pu être plus bleu s’il avait fait beau).
On traverse ensuite la frontière du Victoria où commence la Great Ocean Road, une des routes les plus connues d’Australie. 


Plus on avance et plus on croise de touristes… On n’avait pas vu autant de monde depuis Uluru, c’est vous dire si ça nous fait bizarre ! On se met donc en mode ‘tourisme express’ pour essayer de passer le moins de temps possible avec les groupes de personnes agglutinés sur les plateformes. Comprenez-nous, le premier point de vue, on se dit que ce n’est pas grave, on va patienter parce que ces rochers sont vraiment impressionnants ! Et puis au 10ème point de vue (ils sont tous à environ 3-4 km les uns des autres), on a même plus envie de s’arrêter car on sait qu’il y a 3 cars de tourismes qui vont arriver en même temps que nous. A la fin de cette journée marathon, on décide de changer de tactique et de revenir aux « 12 apôtres » (qui fait partie des paysages les plus connus et photographiés d’Australie) très tôt le lendemain matin. Enfin au calme, nous pouvons profiter du paysage et observer les vagues s’écraser contre la côte déchiquetée.



Notre rencontre la plus marquante sur cette route a eu lieu à Cape Otway où l’on a pu observer des koalas dans la nature. Ils sont très nombreux dans les eucalyptus juste en bordure de route. Le seul petit problème étant les touristes qui s’arrêtent sans prévenir au beau milieu de la route pour prendre un koala en photo… On comprend bien leur émerveillement, mais de là à causer un accident !


La fin du road trip approchant, on profite à fond de nos derniers jours, d'autant plus que le soleil est de retour ! On fait un peu d'exercice le matin, on rencontre des animaux sympas, on passe nos après-midi à la plage ...




Après avoir vécu 4 mois dans notre van, on commence à saturer. Pas facile tous les jours de vivre sans électricité, cuisine, ni salle de bain. On est donc très heureux d’arriver à Melbourne chez Angela et Alex qui nous accueillent pour un woofing de 2 semaines. Ça fait plaisir de vivre à nouveau dans une maison en compagnie de cette sympathique petite famille. Surtout que le moral de Iou n’est pas au top, elle regrette de ne pas être en France au moment où des naissances très importantes pour elle ont eu (ou vont bientôt avoir) lieu : quelle tata indigne ! 

Il faut maintenant qu’on prépare notre future vie citadine : vente du van, recherche d'appart et de boulot sur Melbourne… ! La suite au prochain épisode :)